Une version estivale du bibimbap, entre tradition et fraîcheur
Le bibimbap 비빔밥, ce n’est pas juste un bol bien garni. C’est une institution en Corée, un plat complet dans lequel chaque ingrédient a sa place, son rôle, sa couleur. Le mot lui-même signifie « riz mélangé », mais ce mélange repose sur une organisation presque chorégraphiée : chaque élément est préparé séparément, puis servi ensemble… pour être enfin réuni dans une explosion de saveurs.
Cette version estivale troque les champignons et les légumes racines pour des produits plus frais : épinards (sigeumchi namul), courgette jaune, tomates cerises, concombre mariné (oi muchim), carottes râpées et pousses de soja préparées à la coréenne (kongnamul muchim). Le tout repose sur un riz chaud assaisonné à l’huile de sésame, avec du bœuf mariné et sauté minute, et un œuf au plat au jaune coulant.

Elodie Buski
Une symbolique ancestrale : le « riz aux cinq couleurs »
Au-delà de l’aspect pratique et gourmand, ce plat coréen est profondément symbolique dans la culture coréenne. On le surnomme souvent « le riz aux cinq couleurs » (오방색 – obangsaek), en référence aux cinq éléments fondamentaux de la philosophie taoïste et aux cinq directions (nord, sud, est, ouest et centre).
Chaque couleur est associée à un organe, une orientation, une énergie et un ingrédient-type :
- Blanc (métal) – Ouest – poumons : souvent représenté par le riz ou le radis.
- Noir/bleu foncé (eau) – Nord – reins : avec les champignons noirs ou les algues.
- Rouge (feu) – Sud – cœur : par le piment rouge, la viande ou les sauces épicées.
- Vert (bois) – Est – foie : par les légumes à feuilles, les épinards, les courgettes.
- Jaune (terre) – Centre – rate/estomac : souvent les œufs, le soja ou la carotte.
En réunissant ces cinq couleurs dans un seul bol, le bibimbap incarne l’équilibre, l’harmonie et la santé. Manger ce plat, c’est donc bien plus qu’un simple plaisir gustatif : c’est un geste de soin et d’équilibre énergétique selon les principes de la médecine orientale.

Elodie Buski
Quels sont les ingrédients du bibimbap d’été ?
Le secret d’un bibimbap réussi, c’est la qualité des produits. Voici comment faire les bons choix, même sans être expert en K-food :
- Du riz rond ou à sushi, riche en amidon, qui deviendra moelleux à la cuisson. Le riz basmati ou long grain est à éviter ici : il est trop sec et ne permet pas un bon mélange. Astuce : rincez-le plusieurs fois avant cuisson pour éliminer l’excès d’amidon.
- Du bœuf : choisissez une pièce tendre et maigre comme la bavette, le rumsteck ou le contre-filet. Coupez-la en lamelles très fines. La marinade (sauce soja, ail, miel, huile de sésame) lui donnera un goût savoureux et légèrement caramélisé à la cuisson.
- L’huile de sésame qui donne ce goût typique à la cuisine coréenne. Choisissez une huile de sésame grillé, foncée et très parfumée. Elle s’utilise toujours en assaisonnement, jamais en cuisson. Si vous débutez en cuisine coréenne, jetez un œil à notre guide : 10 produits à toujours avoir sous la main pour cuisiner coréen.
- Le gochujang, c’est la fameuse pâte de piment fermentée coréenne. On la trouve en pot rouge dans les épiceries asiatiques ou en ligne. Elle est sucrée, salée, légèrement piquante. À conserver au frigo une fois ouvert, elle dure des mois.
- Des jeunes pousses si possible : tendres, faciles à blanchir, et au goût doux. Si vous avez des feuilles plus grandes, retirez les tiges.
- De la courgette jaune qui apporte une jolie couleur, mais une courgette verte ferme et fine fait aussi très bien l’affaire. Tranchez-la finement pour qu’elle cuise rapidement.
- Un concombre classique, ou des mini concombres croquants. Ils doivent être bien fermes. On les tranche finement et on les assaisonne avec du vinaigre, un peu de sucre, d’ail et de gochugaru (flocons de piment coréen).
- Des carottes râpées ou coupées en julienne. Elles peuvent être servies crues ou très légèrement poêlées. Choisissez-les bien fermes et sucrées.
- Des tomates cerise pour la touche de fraîcheur. Optez pour des tomates mûres mais pas molles, de différentes couleurs si vous voulez booster le visuel.
- Des pousses de soja, à ne pas confondre avec les pousses de haricot mungo classiques. Si vous trouvez du kongnamul (avec la petite racine jaune), foncez. Sinon, les germes standards iront aussi.
- Des œufs, un par bol, cuit au plat, avec un jaune coulant. La cuisson minute est essentielle pour garder ce côté fondant qui lie tous les éléments.
La recette du bibimbap coréen aux légumes d’été
Le bibimbap d’été est bien plus qu’une recette. C’est une expérience colorée, équilibrée, joyeuse, et ultra personnalisable. Que vous soyez curieux de cuisine coréenne ou à la recherche d’un bol complet à préparer à l’avance, c’est un incontournable.

Elodie Buski
- Faites mariner le bœuf : dans un bol, mélangez la sauce soja, le gochujang, le miel, l’ail émincé, l'huile de sésame et le gingembre râpé et mélangez soigneusement. Placez les lamelles de bœuf dans cette marinade, couvrez et laissez reposer au frais pendant au moins 30 minutes.
- Faites cuire le riz : rincez-le à l’eau claire jusqu’à ce qu’elle soit transparente. Déposez-le dans une casserole avec 450 ml d’eau et une pincée de sel. Couvrez et portez à ébullition, puis baissez le feu et laissez cuire jusqu’à absorption complète de l’eau. Hors du feu, laissez reposer 5 à 10 minutes à couvert. Enfin, ajoutez une cuillère à soupe d’huile de sésame et égrenez délicatement le riz pour bien le parfumer.
- Préparez les épinards : portez une casserole d’eau salée à ébullition. Plongez-y les épinards et blanchissez-les pendant environ 1 minute. Égouttez-les immédiatement et pressez-les pour éliminer l’excès d’eau. Mélangez-les avec une cuillère à café de purée d'ail, une cuillère à soupe d’huile de sésame, une cuillère à café de graines de sésame et une pincée de sel. Réservez.
- Préparez les pousses de soja : portez une casserole d’eau salée à ébullition. Plongez-y les germes de soja et faites-les cuire environ 3 minutes : ils doivent rester légèrement croquants. Égouttez-les, puis assaisonnez-les avec une cuillère à café de purée d'ail, une cuillère à soupe d’huile de sésame et une pincée de sel. Mélangez bien et réservez.
- Faites cuire la carotte et la courgette : épluchez les carottes et taillez-les en julienne. Lavez la courgette jaune et coupez-la en demi rondelles. Faites chauffer un filet d’huile dans une poêle. Faites revenir d’abord les carottes à feu moyen-vif pendant quelques minutes, jusqu’à ce qu’elles soient tendres mais encore croquantes. Salez légèrement et réservez. Faites ensuite sauter la courgette de la même manière dans la même poêle, en ajoutant un peu d’huile si nécessaire. Réservez.
- Préparez le concombre et les tomates : émincez le concombre en fines rondelles. Si vous le souhaitez, salez-le légèrement et laissez-le dégorger 5 minutes avant de l'égoutter. Mélangez-le ensuite avec une cuillère à café de gochugaru, une cuillère à café de miel, une cuillère à soupe d’huile de sésame et une cuillère à café de purée d'ail. Goûtez et rectifiez le sel si besoin. Coupez les tomates cerises en deux et réservez-les pour le dressage.
- Préparez la sauce gochujang express : dans un petit bol, délayez 4 cuillères à soupe de gochujang avec un peu d’eau. Ajoutez une cuillère à soupe de miel, une cuillère à soupe vinaigre de riz, deux cuillères à soupe d'huile de sésame et une cuillère à café de graines de sésame. Mélangez bien jusqu’à obtenir une sauce lisse, épaisse mais fluide. Ajustez la consistance avec un peu d’eau si nécessaire.
- Faites cuire le bœuf mariné : dans une poêle bien chaude, faites revenir les lamelles de bœuf à feu vif pendant quelques minutes. Une fois dorées, ajoutez le reste de marinade pour enrober la viande et poursuivez la cuisson 1 à 2 minutes. Le bœuf doit être laqué, bien cuit mais encore fondant.
- Faites cuire les œufs : dans une poêle, faites cuire les œufs au plat un à un (ou deux par deux) dans un filet d’huile neutre. Laissez cuire jusqu’à ce que le blanc soit bien pris tout en conservant le jaune coulant. Salez légèrement.
- Procédez au dressage : répartissez le riz chaud dans quatre bols. Disposez les légumes préparés tout autour en sections colorées : épinards, pousses de soja, carottes, courgette, concombre et tomates cerises.
- Ajoutez le bœuf, puis déposez un œuf au plat au centre sur chaque bol. Terminez par une cuillerée de sauce gochujang (à proposer à part si vous préférez). Parsemez de graines de sésame, servez bien chaud, et invitez vos convives à tout mélanger avant de déguster. Bon appétit !
Peut-on le préparer à l’avance ?
Absolument. Ce plat se prête très bien au batch cooking :
- Le riz : préparez-le à l’avance et gardez-le couvert. Réchauffez-le doucement avec un peu d’humidité.
- Les légumes assaisonnés : se conservent 2 à 3 jours au frigo dans des boîtes hermétiques.
- Le bœuf : une fois cuit, se conserve jusqu’à 3 jours. La marinade crue, 24 h max.
- La sauce gochujang : se garde jusqu’à une semaine.
- Les œufs : cuisez-les minute pour un jaune bien coulant.
Astuce : préparez tous les légumes le dimanche, conservez-les par type, et montez vos bols au moment voulu. Parfait pour vos déjeuners de semaine sans prise de tête.
Astuces d’organisation pour gagner du temps
- Lancez le riz en premier : il peut reposer pendant que vous préparez le reste.
- Marinez la viande pendant que vous coupez les légumes.
- Utilisez deux poêles pour faire certaines cuissons en simultané.
- Blanchissez les épinards et le soja dans la même casserole, un par un.
- Gardez tout au chaud sous un torchon propre ou dans un four à 80 °C.
- Faites les œufs en dernier, juste avant de dresser.

Elodie Buski
Trucs et astuces pour personnaliser votre bol corén
- Remplacez le bœuf par du tofu croustillant mariné pour une version veggie.
- Ajoutez des toppings : algues nori, graines de courge, kimchi, herbes fraîches…
- Pour une version croustillante, faites griller le riz dans une poêle huilée, style dolsot bibimbap.
- Variez les légumes selon la saison : radis, haricots verts, maïs grillé…
- Présentez joliment, puis mélangez tout à la fin : c’est le moment le plus satisfaisant.